Qu’est-ce que la beauté ?
Un ciel parsemé d’étoiles, un crépuscule après le coucher de soleil, ou un flot de mélodies musicales magiques pénétrant nos oreilles, ou peut-être la lecture d’un roman qui nous emmène dans un autre monde, tout cela peut susciter en nous une émotion submergée de beauté, un sentiment humain fort et profond, qui se consolide et se développe dans des circonstances personnelles, culturelles et sociales. La beauté n’est pas une caractéristique distinctive de l’art mais elle est plutôt un produit fondamental de la sensibilité humaine. Elle est un sentiment difficile à décrire même bien qu’elle nous pénètre à la suite d’abondantes idées, des scènes, d’images et d’autres nombreuses et différentes circonstances. C’est une émotion qui se ravive en nous et qui peut être déclenchée par une œuvre d’art, un paysage ou même un poème ou une chanson. Donc la perception esthétique est un sentiment de plaisir et d’admiration qui se transforme en un état d’émerveillement ou de bonheur chaque fois qu’il est intense. C’est un sentiment agréable et plaisant, et il peut être principalement visuel ou auditif, puis il se propage pour inclure tout le corps de l’individu. Il se peut aussi qu’il soit attisé par des choses ou des actions qui n’étaient pas destinés à la beauté, mais qui ont acquis son caractère esthétique grâce à nous, car la beauté est, en effet, le reflet de ce qui est dans nos fonds.
Tout au long de l’histoire de l’humanité, les penseurs, les philosophes, les écrivains et les artistes étaient passionnés par la définition de la «beauté». Ses interprétations variaient selon différentes philosophies et tendances. La question était donc : Qu’est-ce que la beauté ? Il est difficile de s’entendre sur une seule définition pour elle, car le mot beauté est similaire dans sa difficulté à «bonheur» ou «talent» et «art». Ces mots dénotent beaucoup de choses et ont des significations diverses qui peuvent parfois être opposés. « La Science du beau » trouve son origine au sein de la philosophie, et a été utilisé comme un terme « Esthétique » pour la première fois au cours du dix-huitième siècle par le philosophe Alexander Gottlieb Baumgarten et l’objectif de cette science est devenu une tentative de décrire, comprendre et expliquer les phénomènes et l’art de vivre esthétiques.
Il y a toujours une confusion entre la beauté et l’art pour des raisons sociales et religieuses, comme cela s’est produit dans certaines sociétés ayant adopté une sorte de réduction du concept de la beauté, et malgré leur proximité l’un avec l’autre, la beauté diffère de l’art en matière concrète et émotionnelle. La beauté n’est donc pas une chose physique ou perceptible. Elle est plutôt liée à des questions émotionnelles, aux sentiments et aux sens. L’art est la recréation d’une composante matérielle palpable, que ce soit sous la forme d’une œuvre d’art, d’un tableau ou d’une statue sculptée avec une haute précision, ou des poèmes et des œuvres musicales. C’est dans ce sens que l’écrivain français André Gide a mentionné que la seule chose n’étant pas naturelle au monde, est l’œuvre d’art : « l’œuvre d’art c’est une idée qu’on exagère ».
Parmi les plus belles œuvres arabes portant sur la préférence esthétique un livre intitulé : « Étude en psychologie de l’appréciation artistique », écrit par le Dr Shaker Abdel Hamid, qui traitait de la beauté, de ses concepts, et des théories philosophiques qui étudiaient l’esthétique. Il y a indiqué que la beauté est la «pierre angulaire» de nombreuses théories philosophiques depuis les époques classiques des Grecs. De nombreux philosophes qui adoptaient des théories importantes ont également apporté des contributions remarquables à l’interprétation de la beauté et de l’art.
Dans son livre «Critique de la faculté de juger ou Critique du jugement » publié en 1790, le philosophe allemand Emmanuel Kant évoque dans sa première partie les quatre jugements réflexifs esthétiques possibles: l’aimé, le beau, le sublime et le bon. Il a écrit qu’il n’est pas possible de fixer une règle selon laquelle une personne peut reconnaître la beauté de quelque chose. Il a décrit la beauté comme «une loi sans loi». Juger la beauté est un jugement subjectif et varie d’une personne à une autre. Et par conséquent, il ne revendique ni objectivité ni universalité. Les jugements subjectifs ne sont pas liés à un concept absolu ou spécifique, et pourtant, juger que quelque chose est beau se produit avec la conviction que les autres doivent être d’accord avec ce jugement, et il va de soi que beaucoup ne le feront pas.
Dans son livre intitulé «Sur l’esthétique», Edgar Morin, philosophe et sociologue français contemporain, a expliqué les états esthétiques de la poésie, qui sont nombreux. Il les a classés et a défini chacun d’eux, quand il a commencé par le cas de l’inconscient et son alliance avec les états de créativité et des émotions esthétiques. Il a décrit l’état poétique en tant que faiblesse dans les centres de la séparation cérébrale entre l’ego et le non moi (toi, nous, le monde). Pour tout ce qui est poésie, amour ou émotion passionnelle c’est un état poétique. Il a évoqué l’état esthétique qu’il a défini comme une émotion poétique spéciale, agréable et heureuse ravivée par une scène naturelle, un paysage, un événement, un comportement humain, ou même une œuvre d’art. Il a défini aussi l’état d’ébahissement, qui est un état d’une forte admiration renforcée dans l’émotion esthétique, et dans l’état du partage émotionnel lorsque les pensées et les sentiments entre un groupe de personnes s’accordent collectivement et s’harmonisent dans une société temporaire ou permanente, et on en prend l’exemple d’un grand groupe de personnes assistant à un concert et qui partage les mêmes sentiments et émotions au même endroit. Il a ajouté aux cas poétiques aussi l’état de possession dans lequel la personne est habitée par un autre esprit, ou par des pouvoirs inconnus, ou plus simplement, comme l’acteur s’identifiant au personnage d’un héros dans une pièce, par exemple. L’état de transe qu’il a joint(e) à l’inspiration et au sentiment de la bouffée créative qui stimule l’artiste à travers des états d’appréhension, et cela se produit dans les cas de pure créativité artistique, qui apparaissent sous différentes formes, telles que l’état de possession et de prédiction. Il a également abordé l’explication du cas de la modération, de l’excitation, du mysticisme et du sacré.
L’universalité de la beauté
Voir la beauté que nous ne pouvons jamais décrire à travers les mots est une scène d’évolutions et d’énormes interactions au fond de nous qui vont au-delà de nos sentiments et de notre compréhension humaine. Cela a différents aspects dans de nombreuses cultures ce qui nous amène à l’idée que la beauté reconnue est une beauté liée totalement à une certaine norme culturelle et à un goût particulier. La preuve en est la différence des normes esthétiques entre les différents peuples du monde parmi les différents peuples. Et donc, existe-t-il une loi fixe ou un modèle idéal ou même une règle commune pour toutes les manifestations de beauté ? Ou ne voyons-nous pas la beauté que comme il a été dit : «La beauté est dans l’œil de celui qui l’aperçoit », ou comme l’a évoqué le poète émigré Elia Abu Madi dans son poème, La philosophie de la vie :
Celui qui est lui-même sans beauté … ne voit rien de beau dans la vie
Profite de la matinée pendant que tu y es … N’aie pas peur qu’elle passe jusqu’à ce qu’elle disparaisse
Ô plaignant sans que tu ne sois affecté
Sois beau, et tu verras combien l’existence est belle/ richesse.