La capacité à survivre … en cherchant du sens
Comment devrions-nous choisir ce que nous lisons ? Une question qui me vient à l’esprit à chaque fois que je lis un livre, Sommes-nous vraiment ceux qui choisissent les livres ou est-ce que ce sont eux qui nous choisissent ? et toi, est ce que c’est toi-même qui cherches dans les foires et les bibliothèques des livres qui te ressemblent et qui peuvent satisfaire ton goût, ou est-ce que tu te renseignes chez ceux qui aiment lire autour de toi sur leurs livres préférés ? Ou alors il se peut que la coïncidence soit présente et que tu trouves entre tes mains un livre qui t’emmène à un autre monde et change tes concepts et ressuscite en toi la fascination ?
À chaque livre sa propre particularité, car il représente une ou plusieurs idées que l’auteur propose et continue à les traiter pour les enseigner aux autres. La bonne écriture est basée sur une prémisse simple, prouvant que ton expérience n’est pas seulement la tienne, mais elle est plutôt un emprunt ou disons une collection d’expériences de chacun comme le décrit la poète américaine Dorianne Laux. Il existe de nombreux livres sur le développement personnel qui parlent de certaines souffrances et comment y échapper, et même comment faire de ces souffrances une raison ou un motif de succès exceptionnel cependant il existe une sorte de souffrance que tu ne détiens pas la capacité de repousser quelle que soit la manière que tu utilises. il y a des circonstances qui peuvent éloigner une personne de son humanité et met sa vie en péril à tout moment, et ici aucune formule ne pouvait nous fournir une solution magique pour les contourner.
D’où l’idée du livre «L’homme en quête de sens» du psychologue Victor Frankl (1905 – 1997), un médecin juif autrichien arrêté pendant la Seconde Guerre mondiale, et dont la souffrance en prison a été la raison de la fondation de L’école de logothérapie, (La logothérapie est une psychothérapie destinée à sensibiliser l’individu sur le sens de sa vie) qui se concentre sue l’existence humaine et vise à inciter à la réflexion logique et à créer des significations spéciales et individuelles de la vie de chacun de nous. Elle est également basée sur la conviction que la souffrance fait partie intégrante de toute vie normale en toutes circonstances, même dans ses pires conditions. Là où il doit y avoir un sens à cette souffrance pour pouvoir conserver son humanité. Nous avons toujours la liberté de trouver notre propre sens.
Dans son livre, il a abordé l’expérience existentielle dans la prison et a réfléchi aux différentes étapes de la souffrance auxquelles il a été soumis. Il a expliqué sa transformation d’une personne normale en une créature dépouillée/ dénudée même de son nom. Il n’est plus rien qu’un numéro dans le registre des détenus. Là-bas, la personne devient une seule plaie très profonde et qui s’étend de ses pieds jusqu’au sommet de sa tête. Un état de manque de confiance en soi et de perte de sensation de douleur. Ce qui me rappelle le roman « La vingt-cinquième heure » de l’écrivain romain Constantin Virgil Gheorghiu, qui décrit l’effondrement de la valeur humaine et la futilité de la sauver après qu’il est trop tard.
La capacité de se détacher
Nietzsche a écrit : «Celui qui trouve une cause vivra avec, parce qu’il sera souvent capable de supporter pour elle toutes les difficultés et quels que soient les moyens.» Alors, comment la vie d’un prisonnier aurait-elle un sens alors qu’il risque la mort à tout moment ? Comment une personne pourrait-elle préserver son humanité et avoir un sens de sa vie dans des conditions extrêmement difficiles ? C’est ce dont le livre discute avec les détails de l’expérience personnelle dont l’écrivain lui-même a été témoin de l’intérieur des centres de détention nazis.
La vingt-cinquième heure n’est pas consacré au développement personnel comme plusieurs ouvres remplissant les bibliothèques. Ce roman parle plutôt d’une expérience subjective et d’un exemple typique et réaliste d’une personne qui a tout perdu, mais qui possédait la capacité de survivre, de perdurer et de résister. Cette personne a décidé de ne pas succomber à la mort, en croyant en l’influence des valeurs individuelles de soi et en la capacité de se détacher des situations et événements extérieurs et de choisir des valeurs spirituelles propres à elle dont il peut être responsable malgré l’influence probable d’autrui et d’autres circonstances. Certains autres n’ont pas pu le faire et se sont livrés au désespoir et même au suicide.
L’écrivain a passé en revue les différentes phases et la psyché des gens ainsi que leur réaction face à ce qui se passe. Lors de ses premiers jours, le détenu passe par une phase de choc qui présente de nombreuses et différentes réactions, comme elles ont été décrites dans leurs détails. Après, il entre dans le stade de l’illusion, qui est un sentiment vague et inexpliqué portant un faux espoir qu’il sera libéré au dernier moment juste avant l’exécution. « Fränkel » continue d’expliquer les étapes dans lesquelles le prisonnier atteint un état d’indolence et de mort émotionnelle, lorsqu’il s’habitue à la faim, la douleur et l’humiliation, à voir la mort et la souffrance, en raison de la présence d’un mécanisme humanitaire instinctif garantissant la légitime défense. À ce moment-là, la survie du prisonnier devient son premier souci et il n’y avait donc rien à craindre.
Solutions et stratégies
L’écrivain a traité l’humeur du prisonnier après sa libération et sa perte de sa capacité à ressentir la vie et le besoin de se réhabiliter psychologiquement à cause de son trouble de personnalité et son anxiété. Il a également exposé l’invention du cerveau des méthodes de contre-vérité et de tromperie qui s’étaient accrochées à lui pendant son emprisonnement. Il ne pouvait plus croire ni comprendre ni assimiler sa pleine liberté. Il décrivait aussi les contraintes qui font que son retour à l’état auquel il aspire lors de son incarcération. il espérait voir sa famille et son ancienne maison mais il n’avait rien trouvé de cela et rien ne pourrait le consoler ou lui donner un peu de bonheur qui peuvent lui rendre ce qu’il a perdu sur cette terre.
Ce qui peut nous intéresser dans ce livre n’est pas l’étalage de l’ampleur de la douleur qui survient, mais plutôt les solutions et stratégies qui peuvent nous aider à vivre et à supporter une partie de la souffrance que cela nous plaise ou non. La première de ces solutions devrait être l’amour. Oui, le salut de l’homme réside toujours dans l’amour et avec l’amour. Comme l’a mentionné Fränkel Ceux qui ont survécu parmi ces prisonniers avaient jeté leur dévolu sur des personnes qu’ils aimaient et rêvaient de voir. C’est cette espérance qui les maintenait dans un état de résistance et de patience. Il a également parlé de méthodes pour renforcer l’esprit intérieur à travers l’absorbement dans le beau passé et afin que l’esprit amplifie ces détails et ces vieux souvenirs et leur rappelle que dans la vie, il y a ce qui ravit et tout comme ils sont au cœur de la souffrance maintenant, l’espoir qu’ils stimulent se trouve à l’intérieur de chacun de nous.
L’art-thérapie
Ce qui m’a étonné c’est ce qu’il a dit de l’art. La dernière chose à laquelle je m’attendais était de lire sur l’art dans des livres traitant des prisons et des détenus. Y a-t-il en prison de sortes d’art en détention ? Il a mentionné que les gens là-bas atteignent un état excessif de sensation de la beauté dans sa forme la plus simple comme la ressentir même dans une scène de coucher de soleil éphémère auquel tu ne prêtes aucun brin attention dans ta vie normale. Fränkel a passé en revue d’autres arts, et a mentionné que les prisonniers se réunissent pour exercer des activités simples telles que chanter et jouer du théâtre, ce qui peut les aider à oublier et à se distraire. L’amusement et le plaisir ont un grand impact sur la préservation de soi et sa lutte pour la survie.
En étant prudent et en préservant le sens de l’individualité et la capacité d’avoir une vie spirituelle privée qui ne peut être arrachée à une personne que par sa volonté, il est important à l’homme de maintenir le respect de soi, car la perdre n’est que se faire perdre soi-même. Nous concluons d’après tout ce qui précède, c’est que la souffrance est un état entièrement relatif. Dans son livre, l’auteur donne un exemple du prisonnier qui peut être heureux s’il est transféré à une autre prison ou si le gardien est remplacé par un autre. Ces choses n’ont peut-être aucune signification relative, mais elles peuvent nous assurer, quoi que notre tristesse et notre souffrance soient grandes, il y a quelqu’un qui souffre et qui est plus triste que nous.
Stabilité psychologique
L’une des armes importantes de l’âme est l’acceptation par une personne de son destin avec un esprit satisfait et conscient, en particulier, dans le cas où elle est incapable de changer sa situation. Dans ce cas, il est important d’ajouter du sens à cette souffrance et de changer notre vision de la vie. Et ainsi, ce livre crée des comportements, et aide à voir et à élaborer un mode de vie en nous dirigeant vers elle. Nous devons nous éduquer et enseigner à tous ceux qui ont désespéré que ce qui est attendu de la vie n’est pas réellement important, plutôt ce qui nous intéresse est ce que la vie attend de nous. La vie est pleine d’opportunités qui permettent à une personne d’utiliser ses capacités pour mener une vie merveilleuse même si elle était pleine de tribulations, de douleurs et de souffrance.
Journal Émirati Al-Ittihad/ L’Union